Des histoires pour changer le monde | VIA Don Bosco

Des histoires pour changer le monde

3 février 2023
Eric Henrotte
L’insertion professionnelle et sociale des jeunes est au cœur du travail de VIA Don Bosco. Ceci passe avant tout par les formations techniques et professionnelles proposées dans nos écoles partenaires. Ceci inclut aussi l’apprentissage des compétences de vie (‘soft skills’ en anglais) dont les jeunes auront besoin plus tard, dans leur travail ou dans leur vie d’adulte.

C’est que chez VIA Don Bosco, nous avons pour ambition d’amener les jeunes de nos écoles partenaires à devenir non seulement des professionnel∙les compétent∙es mais aussi des hommes et des femmes autonomes, responsables et engagé∙es.

Mais comment mesurer les résultats de nos efforts ? Comment, par exemple, évaluer l’évolution des jeunes dans leur prise d’autonomie, en d’autres termes leur « autonomisation » ?

Le pouvoir de la narration

Pour nous assurer que nos projets ont bien l’impact souhaité, nous avons recours à deux grands indicateurs de succès.

Tout d’abord, nous suivons l’évolution du pourcentage des jeunes qui trouvent un travail décent – éventuellement en tant qu’indépendant∙e - dans les six mois qui suivent la fin de leurs études. C'est la façon la plus directe d’évaluer leur intégration professionnelle.

L’autre grand indicateur que nous utilisons est le suivi de l’autonomie acquise par les jeunes durant leur parcours scolaire. Dans quelle mesure pensent-ils et elles avoir acquis la confiance en soi nécessaire pour faire leurs propres choix et subvenir à leurs besoins, ainsi qu’à ceux de leur communauté ?

C’est donc pour « sonder » les jeunes et évaluer leur ressenti et leur vécu que, de 2017 à 2021, nous avons testé une méthode d’analyse basée sur la narration. Cette méthode, développée en Angleterre et appelée ‘Sensemaker®’, amène les participant∙es à partager des anecdotes, expériences ou histoires pour illustrer des situations données. Ils et elles les interprètent par la suite, sans intervention d’un intermédiaire.

Les bienfaits du dialogue

Nous avons testé cette méthode durant cinq ans avec nos partenaires en Bolivie et à Madagascar. Nous avons collecté des centaines de témoignages et de données statistiques. Nous avons ainsi pu mieux comprendre la réalité des jeunes et la façon dont elles et ils perçoivent leur situation et leur futur professionnel.

Les sessions d’échange qui ont appuyé cette démarche furent très riches également pour le personnel enseignant et éducatif des écoles participantes. Elles leur ont permis d’instaurer un dialogue systématique avec les élèves, y compris des ancien∙nes déjà diplômé∙es. Ce dialogue s’étant étalé sur plusieurs années, les retours des jeunes ont débouché sur des changements concrets dans la programmation et l’organisation des centres scolaires.

Des influences diverses

Le degré d’autonomisation des élèves est fortement influencé par leur contexte, notamment familial. L’attitude des parents est prépondérante, surtout chez les plus jeunes. Certain∙es ont indiqué que leur choix de filière leur avait été imposé par leur famille. D’autres ont souligné un manque d’information sur les différents filières disponibles dans les écoles et sur les perspectives de travail liées à leurs choix.

À Madagascar, beaucoup de jeunes ont mis en avant les problèmes sociaux et financiers de leur famille comme obstacle – réel ou potentiel – à leur éducation et à leur intégration sociale. Ceci nous a amené∙es à imaginer des solutions, comme l’extension des systèmes de bourses scolaires, la multiplication des visites à domicile par les services psychosociaux des écoles ou la mise en place de comptes d’épargne pour aider les jeunes, durant leurs études, à se constituer un capital en vue de leur entrée sur le marché du travail.

 

Quelques exemples de recommandations du rapport-Madagascar

. « La formation aux compétences non-techniques (compétences de vie) et la sensibilisation des enseignantes constituent des points d'attention importants. Nous devrions nous y consacrer davantage pour renforcer les capacités de nos partenaires. »

. « La peur du monde du travail se fait sentir au travers des histoires des jeunes. Nous devons accorder plus d'attention et de moyens à leur orientation et assurer un suivi plus long après leur sortie de l'école. Nous pourrons ainsi mieux les soutenir dans cette intégration parfois difficile. »

 

Des enseignements riches pour VIA Don Bosco

Les conclusions de cet exercice ont guidé la formulation des programmes que nous avons démarrés en 2022 avec nos partenaires. Par exemple, nous avons décidé de renforcer nos bureaux d’emploi, notamment à Madagascar avec un budget spécial de 115.000 euros pour la période 2022-2026.

Nous reconduirons ce type d’enquête auprès des garçons et filles de nos écoles partenaires. Il est en effet indispensable pour VIA Don Bosco d’intégrer dans nos réflexions les remarques des destinataires de nos projets, à savoir les jeunes. C’est seulement ainsi que nous pourrons effectivement les aider à (se) construire un avenir meilleur.

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