Le pouvoir de l’éducation à Mbuji-Mayi
La capitale congolaise du diamant
Une conversation avec Pétronille Ngama, soeur de Don Bosco et responsable de notre école partenaire Mazzarello à Mbuji-Mayi. Peter Annegarn, président de VIA Don Bosco et Pierre Tilkin, administrateur délégué de VIA Don Bosco.
Les diamants, source de pauvreté
Pourquoi aller à l’école, quand on peut aussi chercher des diamants ? Mbuji-Mayi est connue pour être la capitale congolaise du diamant. Et pour cause : la ville est littéralement située au-dessus de l’un des plus grands
gisements de diamants au monde. Beaucoup de jeunes s’y rendent quotidiennement pour creuser à la recherche de pierres précieuses. Surnommé∙es « creuseurs artisanaux et creuseuses artisanales », ces jeunes se mettent au travail avec une corde, un seau et un pic, sans aucune protection.
Malgré cette extraordinaire richesse de ressources, la population de Mbuji-Mayi n’est pas riche. « Bien au contraire », soupire soeur Pétronille. Responsable de l’une de nos écoles partenaires dans la région, elle ne connaît que trop bien la problématique. « Les jeunes sont exploité∙es. Certains jours, leur revenu s’élève à un ou deux euros. D’autres jours, à rien du tout. » Et ce, alors que leur travail est extrêmement dangereux.
Dans les profondeurs des mines, des accidents (mortels) se produisent régulièrement. « Avant, on pouvait trouver des diamants facilement, mais plus maintenant. Il faut au moins descendre à soixante mètres de profondeur ! Les jeunes s’aident mutuellement à descendre avec une corde. Si cette corde se casse ou s’il y a un glissement de terrain, il peut leur arriver de se retrouver coincé∙es. Beaucoup y ont déjà perdu la vie à la recherche du bonheur. »
Garder les jeunes hors des mines
Soeur Pétronille s’engage chaque jour pour empêcher de telles tragédies. Elle y parvient principalement grâce au pouvoir de l’éducation : « N’ayant jamais connu autre chose, les jeunes travaillent dans les mines de diamants.
En leur apprenant un métier, par exemple l’agriculture, la permaculture, la sylviculture ou l’élevage, nous leur montrons qu’il existe d’autres possibilités. Nous devons chercher ensemble un domaine qui leur plaît et faire en sorte que les mentalités évoluent. »
Elle poursuit : « Il est également important que les jeunes trouvent un travail décent en tant que salarié∙es ou indépendant∙es. Je mets particulièrement l’accent sur ce dernier point, car il n’y a pas beaucoup d’opportunités
d’emploi à Mbuji-Mayi. L’esprit d’entreprise est une bonne chose pour la communauté, car il permet de créer des emplois. »
Encourager l’entrepreneuriat
Peter et Pierre tiennent aussi à encourager l’esprit d’entreprise dans la région. Ils travaillent depuis plusieurs années sur un projet pilote avec Soeur Pétronille. En janvier dernier, ils ont effectué un voyage de terrain en République démocratique du Congo pour continuer à travailler avec elle sur ce projet.
« Il s’agit d’une collaboration avec la Fondation Gillès de Belgique et la banque FINCA RD Congo en RDC », explique Pierre. « Cette banque accorde des microcrédits aux jeunes de notre école partenaire Mazzarello afin de leur permettre de lancer leur propre entreprise dans le domaine de la pâtisserie, de la boulangerie, de l’élevage de poulets ou de l’agriculture, dès la fin de leurs études. Avec l’aide des religieuses, les jeunes élaborent un plan d’affaires et reçoivent une formation financière de la banque. Jusqu’à présent, cette méthode semble bien fonctionner, car les jeunes remboursent leurs prêts de manière régulière. »
« C’est aussi un bon moyen de les convaincre de rester à Mbuji-Mayi », ajoute Peter. « Les jeunes veulent souvent partir dans les grandes villes en pensant que la vie est mieux là-bas. Ainsi, beaucoup de talents sont perdus. C’est dommage, car ce sont précisément ces jeunes qui peuvent améliorer la vie de leur communauté. »
« L’avenir du pays est entre vos mains »
« C’était également le message du pape François qui s’est rendu en RDC à la fin du mois de janvier », poursuit Peter. « Il s’est adressé aux jeunes en disant : ‘L’avenir du pays est entre vos mains’. En d’autres termes, ce sont les jeunes qui doivent prendre les choses en main. Nous ne faisons que leur donner un coup de pouce. Et je ne pense pas que ce soit un problème : en voyage de terrain, Pierre et moi avons remarqué à quel point la motivation et l’enthousiasme des jeunes sont bel et bien présent∙es. »
Soeur Pétronille est d’accord. « Donnez une chance à nos jeunes. Laissez-les apprendre un métier et trouver leur passion. Ainsi, à leur tour, ces jeunes pourront changer la vie des générations futures. »