Inde & Belgique

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« Le parcours School 2 School mériterait un diplôme ! »

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Renitha Vijaykumar est professeure d’anglais à l’école Don Bosco de Katpadi dans le Tamil Nadu. Rachel Gomez, 12 ans, est élève dans celle de Pondichéry, en bordure du golfe du Bengale. VIA Don Bosco les a réunies le temps d’une visioconférence pour parler de School 2 School. Depuis 2012, ce programme créé par VIA Don Bosco et mené main dans la main avec l’ONG indienne SURABI met en contact des élèves d’ici et de là-bas. Par la magie de la visioconférence, on échange, on découvre ses points communs et ses différences et on devient, ensemble, des citoyens du monde.

Un peu stressée – c’est sa première interview, seule dans le salon familial, Rachel commence par réciter sa présentation « J’ai choisi le club School 2 School car je suis curieuse de découvrir les cultures d’autres pays et que ça m’aide à devenir une meilleure citoyenne du monde ».

Précision notable : en Belgique, le programme School 2 School est souvent organisé par année et par classe. Dans les écoles indiennes en revanche, il est proposé sous forme de clubs ouverts à tous. Chaque club, soit une vingtaine d’élèves de 12 à 17 ans, se réunit une fois par semaine en dehors des heures de cours.

Se détendant un peu, Rachel rajoute : « Ce que je préfère, ce sont les réunions Skype avec les élèves belges. C’est toujours très joyeux, surtout quand on parle de nos styles de vie ou de nos célébrations comme le mariage. J’aime aussi beaucoup quand on prépare les présentations PowerPoint », un outil d’échange qui permet de partager les visions du monde sur des sujets universels.

Sari turquoise, sourire éclatant, Renitha s’amuse des réponses de Rachel. Voilà 10 ans qu’elle est référente du programme dans son école. Ses paroles valent de l’or. « Au-delà de l’aventure de l’échange international, les élèves progressent énormément dans l’acquisition de compétences douces : leur ouverture d’esprit, leur façon de se présenter, d’expliquer qui ils sont, quelles sont leurs idées, etc. Ce sont des compétences qui leur serviront tout au long de leur vie ».

Les sujets abordés par les élèves dans les meetings Skype sont choisis et préparés à l’avance avec les professeurs. Cela va des grands sujets d’actualité comme le réchauffement climatique à des présentations plus légères sur la culture des uns et des autres.

« Je dois avouer que moi aussi je découvre beaucoup de choses », poursuit Renitha. « Notamment avec les professeurs belges. Nos visions et nos objectifs sont les mêmes mais il y a de vraies différences culturelles School 2 School par un certificat ou un diplôme que les élèves, et même les professeurs, pourraient valoriser dans leur curriculum. »

Une idée qui fait son chemin à 8 000 km de là… « Vous venez d’assister à ce que nous vivons tout au long de l’année » sourit, depuis Bruxelles, Nora Boukan, collaboratrice sur les projets en éducation à la citoyenneté mondiale chez VIA Don Bosco. « Ce qui est vraiment intéressant dans tous ces échanges, c’est dans l’exercice de notre métier. Ils sont par exemple très amicaux avec leurs élèves, ils établissent de vraies relations, alors que nous, nous conservons quand même une certaine distance. C’est très instructif. »

Avec son expérience de terrain, Renitha est l’une des personnes qui connait le mieux le projet. « Ce serait formidable si, comme le suggère Father Joseph Leo, directeur de SURABI, on pouvait valider le parcours que nous assistons à des mécanismes d’acquisition de soft skills sans qu’un voyage ne soit nécessaire. C’est un gain énorme en termes de ressources et d’impact. »

L’Inde n’est pas le seul pays partenaire à partager l’expérience School 2 School avec des écoles belges : en 2021, le programme a été lancé à Madagascar. « Mais ça, c’est une autre histoire que je vous raconterai la prochaine fois. »